Lors des journées du patrimoine Bernadette Bihin ouvrira son atelier « le vitrail Lumière » au moulin de Gentinnes. L’occasion de découvrir un art délicat et surtout une personnalité aux mille couleurs.
Cela fait près de 20 ans que Bernadette Bihin est une passeuse de lumière. Dans son atelier niché dans le magnifique moulin de Gentinnes dans la commune de Chastre en Brabant wallon, elle découpe, dessine, choisit les couleurs et la symbolique de son prochain vitrail, avec autant de précaution qu’un maître joaillier, car comme l’explique Bernadette « le verre est magique, c’est comme des pierres précieuses. On joue avec la lumière en plus de jouer avec les couleurs ».
Aujourd’hui, Bernadette s’applique jour après jour à façonner un superbe paon, une œuvre délicate commandée par des particuliers et qui lui prendra plusieurs mois. « Je ne veux pas faire de concessions, je veux que cela reste un travail de création et prendre le temps pour le réaliser, c’est pour cela que je ne pourrai jamais vivre de ce métier, c’est un travail tellement fin. Et qui pourrait payer le coût réel de ce travail ? » Une question à laquelle sont confrontés tous les artistes et artisans du monde.
Mais ce travail, Bernadette ne l’a pas choisi, il s’est imposé à elle, comme une évidence, un art paradoxal fait de magie et de science, de hasard et de chimie. Un paradoxe à l’image de notre artiste qui avoue ne jamais avoir pu se résoudre à abandonner son principal métier, pilote instructeur. « Quand j’étais petite, j’hésitais entre devenir pilote et artiste et je suis devenue les deux. Dès mes 14 ans, j’ai économisé sou par sou pour me payer mes études de pilote. Mes parents ne m’en ont pas empêché car ils ne pensaient pas que ça aboutirait. Ils me voyaient plutôt secrétaire… mais aujourd’hui ils sont très fiers. » Après avoir obtenu la bourse auprès de la Fondation Belge de la Vocation, Bernadette Bihin devient pilote instructeur car à l’époque, hors de question de passer aux commandes d’un avion de ligne, la première condition pour devenir pilote était d’être un homme.
« Puis quand j’ai eu 27 ans, cet article a sauté mais j’avais atteint l’âge limite. Plus tard, j’ai donné cours théorique à l’école de la Sabena pendant 15 ans. Après la faillite, je me suis recyclée dans les formations pour améliorer la sécurité des pistes d’atterrissage. »
Au-delà du paradoxe, l’art et la science sont complémentaires et devraient se retrouver dans tous les instants de la vie, selon Bernadette. « Mon nouveau défi pour les prochaines années serait de créer une association pour réintroduire l’art dans la vie de tous les jours : dans l’enseignement, dans la vie sociale. Je me suis rendu compte en donnant cours à la Sabena que le niveau des élèves descendait en flèche. Ils ont de moins en moins d’esprit d‘initiative, d’esprit d’analyse, d’esprit critique, et de vision dans l’espace. D’après plusieurs amis professeurs de l’enseignement supérieur avec qui j’en ai parlé, c’est l’art qui apporte tout ça et malheureusement on a supprimé toute forme dans la plupart des écoles ! J’ai lu récemment le travail d’un scientifique américain qui soutient que s’il n’y a plus de vocation scientifique chez les jeunes, c’est parce que l’art ne fait plus partie de leur vie formation. »
Lors des journées du patrimoine, le moulin de Gentinnes sera un vrai pôle d’attractions puisque seront présents sur place:
Le fermier qui vendra ses produits et fera tourner son moulin à eau,
Bernadette Bihin y montrera les techniques modernes et traditionnelles de la fabrication du vitrail mais également son atelier de fabrication de perles où Patriciat Biot fera des démonstrations de cet art encore mal connu.
Une historienne de l’art : Anne Pascale de Vuyst sera présente pour présenter un projet architectural.
Muriel Mayné présentera son travail de marquèterie. Reste à confirmer la venue d’une artiste faisant de la reliure d’art.
Le moulin de Gentinnes,185, rue du moulin, 1450 Gentinnes (Chastre) 071/875093
https://www.bihin.org/vitrail/
Auteur: Valérie Moncousin